Cette semaine nous vous proposons une rencontre avec Sophie, qui a auto-construit seule (ou presque) la Tiny House Rosalie. Un témoignage qui devrait en inspirer d'autres et vous permettre de profiter de conseils précieux.
Bonjour Sophie, tu es l’une des rares femmes françaises - tout le monde connait déjà Laetitia - qui a osé se lancer dans l’auto-construction d’une Tiny House. On a tous très envie d’en savoir plus ! Comment en es-tu arrivé à ce projet un peu fou ?
Bonjour, avant tout, pour les présentations, j’ai 30 ans depuis peu et maintenant pour toujours. J’habite en Région Parisienne à une dizaine de kilomètres de Paris. Depuis 7 ans, je suis technico-commerciale dans la rénovation et l’amélioration de l’habitat. Par ma profession, je suis amenée à rentrer dans de nombreuses habitations. Le plus souvent des maisons, dans lesquelles je dois définir les besoins en rénovation, améliorations ou potentiel d’agrandissement en respectant la maison et les besoins des propriétaires. L’architecture est une véritable passion. J’adore me balader dans la rue et essayer de décrire une maison uniquement de l’extérieure. J’adore définir de futurs aménagements et voir les travaux se réaliser chez mes clients.
On peut dire que par mon métier, je possède de bonnes connaissances du monde du bâtiment.
Il y a maintenant un peu plus d’un an, je souhaitais réaliser mon rêve d’auto-construction d’une maison. J’ai commencé par acheter un terrain, puis j’ai dessiné les plans de la future maison. Une maison de plus de 200 m2, à l’époque ça n’avait rien à voir avec les Tiny Houses. Une fois les plans réalisés, j’ai commencé à travailler sur l’étude des matériaux et des coûts. A ce moment là, je me suis retrouvée phase à une problématique concernant la structure de mes murs. Je ne savais pas comment les construire, en parpaings, briques, bois, pailles etc… Après des heures et des heures de recherches, je n’arrivais toujours pas à me décider. Et je commençais à être agacée par ce travail de recherches et d’études. Mon rêve c’était d’auto construire une maison et de toucher à des outils, pas de réfléchir pendant de longues semaines, à comment faire quoi…
Un soir, passe à la TV un reportage sur les Tiny Houses. Je lâche mon ordinateur pour être un peu plus attentif à ce que je voie sur ma TV. J’avais déjà entendu parlé des Tiny Houses ou encore des bus et camions aménagées. Mais là ce fût une révélation ! Et si j’auto-construisais une Tiny House ! La Tiny house c’est une maison miniature, avec toutes les phases de construction d’une grande maison. Je prenais bien moins de risques à partir sur ce projet d’un point de vue financier et il me permettrait de voir comment gèrer un chantier de A à Z.
Les deux jours suivants j’ai dessiné les plans de ma maison et une semaine plus tard la remorque était dans le jardin.
Comment as-tu découvert la première fois le concept des Tiny Houses ?
Je suis naturellement très curieuse et passionnée par le bâtiment, j’avais vu les Tiny Houses, il y a très longtemps sur le NET. Je m’étais également beaucoup intéressée aux bus et camions aménagés. Mon rêve depuis longtemps était de concevoir et construire mon habitation. Quand tu as un rêve soit tu le réalises soit tu le laisses passer… j'aime l'idée d'aller au bout de mes envies.
Pour te lancer il t’a fallu rassembler beaucoup d’éléments nécessaires à la construction… je pense aux plans, à la remorque, aux bois, etc… comment t’y es-tu prise ?
Je crois bien que c’est sur ce point que mon histoire ne ressemble à aucune autre. J’ai réalisé les plans de ma Tiny House La Rosalie en 2 jours. Et j’avais une remorque de 6 mètres dans mon jardin en 1 semaine. De là, je n’avais plus le choix j’étais confronté à la réalité. Pour aller encore plus loin dans la démarche, je ne souhaitais travailler qu’avec des matériaux de récupérations ou des partenariats d’entreprises. J’avais à cœur de prouver qu’on pouvait voir dans des produits destinés à la benne une aubaine de construction. Le but ultime était de dépenser maximum 10 000 euros ! Et quand tu sais que ma remorque m’a couté 6 000 euros...
La première chose que tu dois faire c’est trouvé du bois pour l’ossature et de l’isolant. Pour le bois c’était très simple, je me suis tournée vers une entreprise d’aménageur de comble et rehaussement de maison avec laquelle j’avais l’habitude de travailler. Et je suis allée directement sur leurs chantiers pour récupérer le bois de charpente. Quand tu aménages un comble, tu dois couper la charpente en W qui tient ton toit pour crée une nouvelle structure qui permet d’aménager le comble. Moi je récupérais ce bois en W, qui est devenu l’ossature de ma petite maison.
Au tout début de l’aventure, je me suis également rendue sur le mondial du bâtiment qui réunit tous les fournisseurs de produits. C’est énorme comme événement et ça te permet de démarcher des fournisseurs. Là bas j’ai trouvé 4 partenaires avec qui j’ai travaillé pour ma petite maison.
Pour le bardage, les plaques de tôle ne pouvaient plus être vendues par la société donatrice à cause d’une erreur de cotation et de couleur ; les panneaux de fibre de bois et composite ont été chinés dans des bennes de fin de chantier ; le bois brûlé est fait à partir de palettes trouvées dans divers endroits. L’isolant mince et le lambris ont été en partie récupérés sur des chantiers. Ma cuisine est composée de gammes déréférencées et donc invendable... Mon echelle a été trouvée dans un champs. Et ainsi de suite au fil des recherches…
Pour travailler avec des matériaux de récupérations, il faut être prêt à être flexible sur ces plans d’aménagement.
Où as-tu trouvé le plus de ressources et d’informations sur l’auto-construction ? Sur des sites français ou américains ? Peux-tu en partager quelques-uns avec nos lecteurs ?
Mon blog de chevet c’est celui de Bernard ! https://tiny-house43.jimdo.com ! Je l’adore et j’adore sa tiny ! ça doit être grâce à lui que je me suis aussi décidée pour une toiture à la mansard. (pas seulement mais beaucoup, je raconte cette histoire sur mon blog : http://tiny-house-rosalie.com/la-charpente-mansart/ )
Ensuite j’ai découvert Tiny House Customs : https://www.youtube.com/user/danny16p Ce youtuber fait des vidéos sur les travaux qu’il a fait sur sa tiny ! Les images me permettent de comprendre. Et au début, je me rappelle que je regardais les points de détails qu’il mettait en œuvre pour m’en inspirer. Quand j’étais face à un problème, je disais attends je vais voir ce que Customs a fait ! Je me rappelle également qu’entre deux « livraisons » de bois d’ossature, j’avais complètement repris tous les plans de ma tiny pour en faire une inspirée de la sienne. Un petit côté trop de réflexions pour prendre une décision. En temps normal, il me faut 6 mois pour acheter un aspirateur ou une machine à café… Autant te dire qu’avec la Tiny house, j’ai luté. La bonne nouvelle c’est qu’en retravaillant les plans de la Tiny House, je suis revenue à mes plans initiaux et j’étais certaine de ce que je voulais pour moi.
Quelles sont les principales difficultés que tu as rencontrées lors de la construction ?
J’ai auto construis ma Tiny House dans le dur. C’est à dire dehors sans hangar ou tente de protection. La première difficulté c’est la météo, qu’il fasse beau ou moche, j’étais toujours dehors à travailler. Très souvent avec un feu ! Ce qui me vaut un surnom de pyromane ou déesse du feu. Je crois également que cette passion du feu m’a donnée l’idée de faire du bois brûlé pour mon bardage. J’étais tellement amoureuse des flammes, que de réaliser du bois brûlé c’était l’extase. La Tiny House La Rosalie est la première tiny réalisée en bois brûlé et je suis contente d’avoir inspirée certains constructeurs qui ont repris la technique.
Je crois également que je suis poisseuse de la météo ! il pleuvait souvent quand je devais être autours de la remorque, il faisait très chaud quand je devais appliqué la peinture de revêtement de ma toiture...
Ensuite le travail avec des matériaux de récupérations, rien n’était figé et tout pouvait changer à tout moment…. J’étais toujours obligée de m’adaptée à ce que je pouvais trouver.
Enfin, mon manque de pratique. Il y a beaucoup de poste que j’ai refait deux fois. Par exemple la toiture, justement j’ai raconté cette histoire sur mon blog hier : http://tiny-house-rosalie.com/toiture-de-tiny-house-rosalie/
J’ai pratiquement fait 2 Tiny en une, avec tous les postes que j'ai dû defaire pour refaire…. L’important c’est d’essayer, de voir que si ça ne marche pas il faut avoir la patience de refaire, de comprendre le pourquoi du comment et de rectifier le tir.
J’imagine que tu t’es entourée de tes meilleurs amis pour venir à bout de ce chantier ? A-t-il été difficile de trouver de l’aide dans ton entourage ?
Je suis majoritairement seule, même si j'ai souvent eu l'aide d'un ami présent depuis le début de la construction. Certaines étapes auraient été difficiles pour une femme seule ou même un homme seul. À plusieurs, certains moments sont plus simples. Ma devise : “ne compte que sur toi-même et pas sur les autres “.
Cependant j’ai beaucoup de gens qui sont venus sur mon chantier. Tout d’abord grâce au site : pretermonjardin.com qui m’a permis d’avancer sur le jardin et le potager en parallèle de la construction. Ensuite grâce à mon blog et ma page facebook, j’ai été contacté par des personnes interessées de découvrir la vie de chantier, qui sont venues m’aider sur ma construction et passer de bon moment avec moi. Certains on fait des conneries sur la Tiny, comme renverser un pot de peinture sur ma porte d’entrée ou casser une baignoire et d’autre mon sauvé la vie en réalisant l’électricité et la plomberie de la petite maison. Dans tous les cas ce sont toujours de belles rencontres ! Je me suis moi-même déplacées sur certains chantiers d’autoconstructeurs, à Bordeaux ou en Auvergne.! Que ce soit chez moi ou chez eux, nous passons toujours de superbes moments !
Parle nous un peu de tes choix de matériaux (bardage, ossature) et de tes choix en termes d’aménagement intérieur ?
Déjà, la toiture de ma tiny house est dite « à la Mansart », ce qui permet de maximiser l’espace intérieur. Les plans intérieurs sont assez simples : un espace salon ouvert sur une cuisine puis au bout une salle de bain avec initialement une baignoire sabot, qui est devenue une cabine de douche trouvé sur le bon coin. J'ai choisi des toilettes sèches. À 2,05 m de hauteur, au dessus de la salle de bain et d’une partie de la cuisine, on trouve la mezzanine pour le coin nuit. Elle fait 1,10 m sous plafond. La particularité de ma Tiny réside aussi dans la décoration intérieure : j’ai décidé de créer une voûte de 2,70 m pour y fixer une mappemonde géante, qui fait son effet ! Je l’adore ! Tous mes rideaux et ma banquette de canapé ont été faits sur-mesure par ma tante. J’ai installé un chauffe-eau à gaz. J'ai aussi un radiateur électrique sèche serviette. Quant à l'eau, je suis actuellement branchée au réseau, mais je prévois déjà la place pour un réservoir sous le canapé pour les déplacements... Même si ce n'est pas encore possible, je vise aussi l'auto-suffisance en électricité.
Tu vis maintenant toute l’année dans ta Tiny House. Comment as-tu fait pour identifier un terrain idéal ? As-tu rencontré des difficultés avec la mairie ou le voisinage ?
Je suis propriétaire de mon terrain, qui est un terrain constructible. Je l’ai acheté à mon meilleur ami, ce qui fait que j’ai déjà un super voisin ! Mes autres voisins sont également en or ! Ils ont suivis la construction dès le début et maintenant ils adorent la petite maison. Donc non aucune difficulté de ce côté là.
Maintenant que ton projet est abouti quelles conclusions en tires-tu ? Es-tu heureuse d’être l’une des pionnières du mouvement français ?
Je vie dans ma petite maison depuis peu. Je n’ai pas encore l’eau dans la petite maison à cause du gel des tuyaux. Mais tout le reste est presque fini. Il me reste encore quelques travaux qui ne m’empêchent pas d’y vivre. Je trouve ma petite maison formidable et trés agréable à vivre ! Toutes mes affaires ont trouvé leur place et il me reste même de nombreux placards vides!
Mon chat a également trouvé ces marques et profite du lit ou du canapé pour faire sa sieste.
J’ai réalisé mon rêve en auto-construisant ma maison et maintenant j’en profite et ce n'est que du bonheur !
Je ne me pensais pas être l'une des pionnières du mouvement avant que tu ne l'évoques. Tu sais ma tiny, je l’ai faite à l'instinct! Je ne sais pas si elle fera 3 Tonnes 500 pour pouvoir prendre la route et au fond, je m’en moque ! S'il le faut, je démonterai certaines choses pour allèger.
Oui, et la sécurité reste le maître mot. Merci Sophie pour ce voyage dans l'auto-construction ! Tiens-nous au courant de la suite de l'aventure.
